Mitsubishi Ki-46

  • Exceptionnellement, ou peut-être pas, le Ki-46 aura droit à une fiche en deux parties. La première
    concernera la génèse de l'appareil, ses grandes caractéristiques et deux de ses versions principales.

    La seconde présentera les deux autres versions du Ki-46.



    Durant l'année 1937, le Japon avait démontré au monde son savoir-faire en matière aéronautique, grâce au vol Tokyo-Londres réalisé par un Mitsubishi Ki-15 baptisé Kamikaze. Le Ki-15 était alors en pleine phase de développement et s'apprêtait à entrer en service au sein des unités de l'Armée impériale. Anticipant sur l'apparition de chasseurs plus rapides que le Ki-15, l'Etat-Major de l'Armée impériale demanda rapidement à ce que lui soit étudié un successeur. Pour cela, il s'adressa de nouveau à Mitsubishi.

    En décembre 1937, Mitsubishi fut officiellement chargé du développement d'un nouvel appareil de reconnaissance à long rayon d'action. Les spécifications exigées étaient particulièrement élevées, notamment en ce qui concerne la vitesse. Le futur appareil devait ainsi atteindre les 600 km/h, ce qui devait lui permettre d'éviter les apppareils adverses, et pouvoir voler près de six heures à 400 km/h de moyenne. Pour le reste, une grande latitude fut accordée au constructeur, qui chargea l'ingénieur Tomiô Kubo du projet.

    Kubo fut rapidement convaincu que l'aérodynamisme de l'appareil devait être aussi travaillé que possible. C'est pourquoi un très grand soin fut accordé à ce domaine durant les travaux de développement. Des contacts furent pris avec l'Insitut de recherches aéronautiques de l'université de Tokyo : ses chercheurs apportèrent une aide très précieuse à Mitsubishi, contribuant notamment à la conception des capots des moteurs. Après près de deux années de travaux intensifs, un prototype fut officiellement présenté aux autorités militaires en novembre 1939, rapidement suivi de deux autres prototypes et de cinq appareils de présérie.

    Les premiers essais furent très encourageants, et menèrent à une première commande officielle. Cependant, le nouvel appareil, baptisé appareil de reconnaissance de l'Armée type 100 ou Ki-46-I, déçut sur un seul point : il n'atteignait que la vitesse de 540 km/h, ce qui était inférieur aux spécifications requises. Mitsubishi promit de régler rapidement le problème, et procéda à une remotorisation du Ki-46 : les deux Mitsubishi Ha-26-I, d'une puissance unitaire de 850 ch, furent remplacés par des Ha-102 de 1 080 ch. Cela suffit à résoudre le problème. Cette version fut baptisée Ki-46-II.

    Le Ki-46 était un appareil bimoteur, de taille relativement restreinte et de construction entièrement métallique. Il était pourvu d'une voilure implantée en position basse. Son train d'atterrissage tricycle était entièrement escamotable. L'aérodynamisme avait été particulièrement travaillé : les prises d'air étaient très bien intégrées et les nacelles moteurs avaient fait l'objet d'un travail très soigné, devant réduire au maximum la trainée. L'équipage se composait de deux hommes. Le pilote prenait place dans un cockpit avant, installé juste derrière un nez assez court (pourvu d'un phare d'atterrissage), tandis que son observateur disposait de son propre poste d'équipage, plus en arrière. Entre les deux, les ingénieurs de Mitsubishi installèrent des réservoirs de carburant et une baie contenant des caméras.

    Pour sa motorisation, le Ki-46 comptait donc sur deux Ha-26-I d'une puissance unitaire de 1 080 ch, chaque moteur actionnant une hélice métallique tripale à vitesse constante. Sur les Ki-46-III, les Ha-26-I furent remplacés par des Ha-112-II, de près de 1 500 ch chacun, ce qui accroissait encore les performances du Ki-46. Devant compter sur sa vitesse pour échapper aux appareils ennemis, le Ki-46 ne disposait pas d'un armement lourd. Une unique mitrailleuse défendait les arrières de l'appareil, et cette mitrailleuse fut supprimée sur la dernière série de production. Aucune charge extérieure ne pouvait être transportée.

    A son entrée en service au sein des formations de l'Armée impériale, le Ki-46 reçut un accueil très favorable de la part des équipages japonais. Déjà, le Ki-46-I avait démontré sa supériorité en terme de vitesse sur tous les autres appareils alors en service au Japon, y compris les A6M Zero de la Marine. L'écart s'accrut encore avec les versions suivantes : si le Ki-46-I plafonnait à 540 km/h, les Ki-46-III pouvaient atteindre les 630 km/h, tandis que les Ki-46-IV expérimentaux dépassaient les 700 km/h. Cette vitesse fut extrêmement utile aux pilotes japonais, qui purent mener de très nombreuses missions de reconnaissance sans être interceptés.

    Les Ki-46 furent engagés au combat dès le début de la Seconde Guerre Mondiale, et même avant (des missions de reconnaissance au-dessus de la Malaisie, alors colonie britannique, furent menés en octobre 1941). Surclassant tous les chasseurs adverses, les Ki-46 n'eurent aucun mal à renseigner les officiers japonais sur les dispositifs ennemis. Face à la mise en service progressive de radars et de chasseurs alliés plus rapides, tels que le Lockheed P-38 ou le North American P-51, les Japonais mirent en service le Ki-46-III. Ce sont des appareils de ce type qui surveillèrent les bases états-uniennes des îles Mariannes durant l'année 1945, sans jamais subir de pertes.

    Un certain nombre de Ki-46 étaient encore en service à la fin de la guerre. Plusieurs d'entre eux furent capturés au sol par les forces alliées, qui purent les étudier à loisir. Il est à noter que la Marine impériale mit aussi en ligne des Ki-46 dans certaines de ses unités, notamment à partir de Rabaul et de Timor. La mise en ligne par la Marine ou l'Armée d'un appareil développée pour l'autre entité était très rare, et réservée uniquement à des appareils très performants.

    Les services de renseignement alliés attribuèrent au Ki-46 le surnom Dinah.



    Caractéristiques :

    Nota : ce sont celles du Ki-46-II

    Type :

    Appareil de reconnaissance stratégique

    Equipage :

    2 hommes

    Motorisation :

    2 Mitsubishi Ha-102 à refroidissement par air, de 14 cylindres en double étoile, d'une puissance de 1 080 ch au décollage

    Poids :

    Masse à vide : 3 263 kg
    Masse maximale au décollage : 5 050 kg

    Performances :

    Vitesse maximale : 604 km/h à 5 800 m
    Vitesse ascensionnelle : 8 000 m en 11 mn 58
    Plafond opérationnel : 10 700 m
    Distance franchissable : 2 470 km

    Dimensions :

    Envergure : 14,70 m
    Hauteur : 3,88 m
    Longueur : 11 m
    Surface alaire : 32 mètres carrés

    Armement :

    1 mitrailleuse Type 89 Tan (Te-4) orientable à l'arrière du fuselage (3 tambours de 69 cartouches chacun)
    Ah que je destroye tout ! Ou pas. :pSur AMN : Ciders, commandeur suprême, 10872 messages, inscrit le 02 septembre 2006, à 22 h 18
      Lien   Revenir ici   Citer modifié par ciders le 12 juin 2011 22:51
  • A la fin de l'année 1942, Mitsubishi présenta aux autorités japonaises une version encore améliorée du Ki-46. Cette nouvelle version répondait aux retours d'expérience du conflit alors en cours depuis plus d'un an dans le Pacifique. Elle permit aussi de contrer le développement d'appareils devant remplacer le Ki-46, tels que le Tachikawa Ki-70.

    Le Ki-46-III présentait un certain nombre d'évolutions importantes, et tranchait par un design différent de son prédécesseur. La partie avant fut ainsi entièrement redessinée, de manière à former une ogive. Le cockpit naissait dès le début du nez, et la verrière était parfaitement intégrée dans le fuselage. L'aérodynamisme était encore meilleur, et les performances s'en ressentirent.

    Elles bénéficièrent aussi du changement de motorisation. Pour contrer l'apparition de nouveaux chasseurs alliés plus performants, Mitsubishi décida de recourir à des Mitsubishi Ha-112-II, beaucoup plus puissants (1 500 ch de puissance unitaire). La vitesse maximale augmenta, passant à 640 km/h. L'autonomie fut également accrue, par l'installation de plusieurs réservoirs supplémentaires dans la voilure et derrière le pilote. On innova également par la possibilité nouvelle d'installer un réservoir supplémentaire de 400 litres sous le cockpit, ce qui porta l'autonomie maximale à 4 000 kilomètres.

    Pour gagner en poids, l'unique mitrailleuse fut démontée. Cependant, le pilote put profiter du montage d'une plaque de blindage derrière son siège, plaque d'une épaisseur de 13 mm.

    A la fin de l'année 1944, face à la menace croissante des bombardements alliés, des tentatives furent faites pour trouver des appareils capables de contrer les bombardiers alliés. Dans ce but, et pour profiter des performances du Ki-46-III, plusieurs appareils furent modifiés pour emporter de l'armement. Ainsi, 55 Ki-46-III reçurent deux canons de calibre 20 mm dans le nez, 15 autres recevant en plus un canon de calibre 37 mm monté selon un angle de 70° dans la partie supérieure du fuselage.

    Ces deux versions se révélèrent des échecs, le poids des armes installées réduisant les performances, notamment la vitesse ascensionnelle. De plus, le canon de 37 mm était très difficile à utiliser au combat.

    Il faut enfin noter la modification, entre janvier et mai 1944, de quatre cellules de Ki-46-III en Ki-46-IV. Cette ultime série fut conçue comme pouvant remplacer tous les Dinah de versions antérieures encore en service. Elle se distinguait surtout par sa motorisation, à savoir deux Ha-112-II Ru turbocompressés, d'une puissance maximale de 1 500 ch (et surtout d'une puissance de 1 110 ch à une altitude de 10 000 m). Huit Ki-46-IV furent ainsi construits, mais la production en série ne fut jamais lancée.

    Finalement, un total de 1 774 Ki-46 sortit des chaînes de production de Mitsubishi. Sur ce chiffre, 1 085 étaient des Ki-46-II, 652 des Ki-46-III et 37 des Ki-46-I, en comptant les prototypes et les appareils de présérie.



    Caractéristiques :

    Nota : ce sont celles du Ki-46-III

    Type :

    Appareil de reconnaissance stratégique

    Equipage :

    2 hommes

    Motorisation :

    2 Mitsubishi Ha-112-II à refroidissement par air, de 14 cylindres en double étoile, d'une puissance de 1 500 ch au décollage

    Poids :

    Masse à vide : 3 831 kg
    Masse maximale au décollage : 5 722 kg

    Performances :

    Vitesse maximale : 630 km/h à 6 000 m
    Vitesse ascensionnelle : 8 000 m en 20 mn 15 (?)
    Plafond opérationnel : 10 800 m
    Distance franchissable : 4 000 km

    Dimensions :

    Envergure : 14,70 m
    Hauteur : 3,88 m
    Longueur : 11 m
    Surface alaire : 32 mètres carrés

    Armement :

    Aucun



    Images :

    :arrow: Ki-46-II d'une unité de la Marine impériale, au sol, sur la base de Rabaul
    :arrow: Ki-46-III sous cocardes françaises, servant en Indochine après-guerre
    Ah que je destroye tout ! Ou pas. :pSur AMN : Ciders, commandeur suprême, 10872 messages, inscrit le 02 septembre 2006, à 22 h 18
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