Sukhoï Su-2

  • Historique :

    Si l'avion d'attaque au sol soviétique le plus connu de la Seconde Guerre Mondiale reste l'Iliouchine Il-2, son prédécesseur est depuis longtemps plongé dans son ombre. Pourtant, ce dernier prit part aux premiers combats sur le Front de l'Est, mais sans pouvoir y imprimer sa marque. Cet appareil fut aussi le premier à être désigné par un préfixe qui deviendrait célèbre par la suite, Su pour Sukhoï.

    Durant les années 1930, la construction aéronautique soviétique était dominée par de grands ingénieurs, tels Vladimir Petlyakov et Andreï Tupolev. Au sein de leurs bureaux travaillait la future génération de concepteurs aéronautiques soviétiques. Pavel Sukhoï faisait partie de cette nouvelle génération. Il était alors employé à l'OKB Tupolev. Sukhoï eut l'occasion de démontrer ses talents au milieu des années 1930, à la suite d'une demande émanant des VVS (forces aériennes soviétiques).

    En 1936, les VVS firent connaître leur besoin d'un nouvel appareil de combat, destiné à mener des missions de reconnaissance mais surtout d'attaque au sol. Sukhoï se mit au travail et proposa en 1937 un prototype, baptisé ANT-51. Rebaptisé par la suite BB-1 (Blizhniy Bombardirovschik, bombardier à court rayon d'action), l'appareil devait effectuer son premier vol le 25 août 1937. Il devait connaître par la suite un long processus de développement.

    Les premiers essais démontrèrent que l'appareil était sous-motorisé. Le Shvestov M-62 initialement prévu ne développait que 820 ch. Sukhoï fit appel à un nouveau moteur, le M-87. Ce dernier, conçu par Tumansky sur la base du Gnôme-Rhône 14 K français, délivrait environ 1 000 ch de puissance, et permit au BB-1 de dépasser les 450 km/h. Ces performances convinrent bien mieux aux autorités soviétiques et l'appareil fut officiellement accepté. Sukhoï put également monter son propre bureau d'études, ce qui entraîna un troisième changement de nom de son appareil. Le BB-1 devint le Sukhoï Su-2.

    Le Su-2 était un appareil d'une conception assez proche de celle de nombreux appareils d'attaque de son époque. Il s'agissait d'un appareil monoplan et monomoteur, à voilure droite montée en position basse sur le fuselage. Une bonne partie de ces pièces avait été conçue pour être facile à fabriquer en grande série. La structure était de construction mixte : le fuselage était construit en bois et en contreplaqué, tandis que les stabilisateurs et la voilure étaient en métal (duralumin). Le train d'atterrissage tricycle était entièrement rétractable. Entre la voilure et la dérive, une trappe d'évacuation d'urgence avait été implantée dans la partie inférieure du fuselage.

    A l'avant de l'appareil, les ingénieurs de Sukhoï montèrent un unique moteur en étoile. Au M-87 de début de production (livrés en deux versions quasiment équivalentes, les M-87A et M-87B), les Soviétiques firent se succéder le Tumansky M-88, d'une puissance de 1 150 ch. A partir du déclenchement des combats sur le Front de l'Est, dans une dernière tentative pour protéger le Su-2 des chasseurs allemands, Sukhoï installa le Shvetsov M-82, qui développait 1 520 ch et poussait l'appareil jusqu'à près de 500 km/h. Le M-82, lointain dérivé du Wright R-1820 Cyclone américain, était un moteur à refroidissement par air. S'il était plus puissant, il était cependant également bien plus lourd que ses prédécesseurs, ce qui se révéla en pratique être une mauvaise idée.

    Prévu pour mener des missions d'attaque près du sol, le Su-2 fut partiellement blindé. Un cockpit vitré abritait le pilote, tandis qu'une tourelle dorsale (reliée au poste avant par un tunnel) abritait un navigateur-mitrailleur. Des plaques de blindage d'une épaisseur maximale de 9 mm avaient été montées pour les protéger des tirs adverses. Cela s'avéra cependant insuffisant lors des premières missions de guerre menées par les Su-2.

    L'armement embarqué évolua progressivement. Il se constituait initialement de quatre mitrailleuses montées dans la voilure, et d'une mitrailleuse installée dans une tourelle dorsale, juste derrière le cockpit. Cette tourelle dorsale fut par la suite pourvue d'une seconde mitrailleuse, avant d'être purement et simplement supprimée dans l'espoir d'accroître les performances du Su-2. Une charge militaire pouvait être emportée dans une soute à bombes ventrale. Cette soute pouvait théoriquement contenir jusqu'à 600 kg de bombes. Des roquettes et des bombes pouvaient aussi être montées sous les ailes. Par la suite, les Soviétiques, dans une tentative désespérée d'accroître l'efficacité du Su-2, accrurent la charge utile, ce qui réduisit les performances et altéra le comportement en vol de l'appareil.

    Les premiers Su-2 de série volèrent en avril 1940. Ils parvinrent aux unités de première ligne la même année. 213 exemplaires étaient en service en juin 1941 lors de l'offensive des forces de l'Axe. Les appareils qui furent engagés à ce moment-là furent littéralement balayés du ciel par les chasseurs allemands ou détruits par l'excellente défense antiaérienne allemande. Pire encore, dans l'urgence du moment, certains appareils furent engagés comme chasseurs, ce qui les rendit encore plus vulnérables. Mal armés, pilotés par des équipages inexpérimentés et peu protégés, les Su-2 constituaient des cibles faciles.

    L'augmentation de l'armement transporté et du poids du moteur réduisit encore leurs performances et les rendit encore plus difficiles à faire voler. Les taux d'attrition furent très élevés. Des cas d'éperonnage en plein vol tentés par des équipages de Su-2 furent répertoriés. Cependant, dans la mesure où les Su-2 étaient les seuls appareils d'attaque disponibles à ce moment-là, les Soviétiques continuèrent de les engager et de les produire en masse. L'arrivée croissante d'Il-2, de Petlyakov Pe-2 et de Tupolev Tu-2 dans les unités soviétiques changea progressivement la donne et condamna le Su-2 à la retraite.

    Les Su-2 furent envoyés à l'arrière à partir de la seconde moitié de l'année 1942. Ils y servirent essentiellement pour l'entraînement des équipages au vol ou au tir sur cibles tractées. Certains servirent également dans des missions de reconnaissance, sur des secteurs du front relativement calmes. Sukhoï annonce 910 exemplaires produits, entre 1939 et 1942, essentiellement dans une usine de la région de Kharkov, mais aussi à Taganrog et enfin à Moscou (usine n°207).

    Sukhoï proposa en vain trois versions modifiées du Su-2 aux VVS : le Su-4, motorisé par un moteur de 2 100 ch, le Su-6 et enfin le Su-7 qui recevait une fusée d'appoint pour sa propulsion. Ces trois projets furent rejetés au profit d'un accroissement de la production d'Il-2.

    ………………………………………………………………………………………

    Caractéristiques :

    Version :

    Sukhoï Su-2 (appareils produits après juin 1941)

    Type :

    Avion d'attaque au sol et bombardier léger

    Equipage :

    1 pilote, 1 mitrailleur

    Motorisation :

    1 Shvetsov M-82 en étoile, de 14 cylindres, à refroidissement par air, d'une puissance de 1 520 ch (certaines sources parlent de 1 400 ch)

    Poids :

    Masse à vide : 3 273 kg
    Masse maximale au décollage : 4 700 kg

    Performances :

    Vitesse maximale : 485 km/h
    Vitesse ascensionnelle : 5 000 m en 19 minutes
    Plafond pratique : 8 800 m
    Distance franchissable maximale : 1 100 km

    Dimensions :

    Envergure : 14,30 m
    Hauteur : 3,80 m
    Longueur : 10,46 m
    Surface alaire : 29 mètres carrés

    Armement :

    4 mitrailleuses ShKAS de calibre 7,62 mm dans la voilure
    1 mitrailleuse ShKAS de calibre 7,62 mm en tourelle dorsale
    Charge militaire théorique de 600 kg (en soute et sous voilure)

    ………………………………………………………………………………………

    Images :

    :arrow: Su-2 conservé aujourd'hui
    :arrow: Su-2 avant son décollage pour une mission de guerre
    Ah que je destroye tout ! Ou pas. :pSur AMN : Ciders, commandeur suprême, 10872 messages, inscrit le 02 septembre 2006, à 22 h 18
      Lien   Revenir ici   Citer modifié par ciders le 14 juillet 2012 20:35
  • Bonsoir
    From " okb sukhoi-a history of the design
    bureau and its aircraft"
    A la prochaine
    Pièces jointes
      Lien   Revenir ici   Citer
  • Oh, je vois que monsieur a de saines lectures !

    J'ai le livre, et il vaut vraiment le coup. À ce propos, deux éditions existent (1996 et 2010), laquelle as-tu ?
    Et tous ces points d'exclamation, vous avez remarqué ? Cinq ! C'est la marque d'un aliéné qui porte son slip sur la tête. L'opéra fait cet effet à certains.Terry Pratchett
      Lien   Revenir ici   Citer
  • D9POUCE,Bonjour
    J'ai la plus ancienne édition, soit 1996.
    A la prochaine et bon Dimanche
    Paul
      Lien   Revenir ici   Citer
  • La fiche sur le site
    Rang, sang, race et dieux n'entrent en rien dans le partage du vice… et de la vertu. (de Cape et de Crocs, tome 1).>> N'oubliez pas de lire et de relire le Réglement du forum>> N'oubliez pas de consulter les index des sujets avant de poster les vôtres.
      Lien   Revenir ici   Citer